La mairie de Paris vole au secours de l'Afghanistan

La mairie de Paris organisait ce jeudi une conférence de solidarité avec l’Afghanistan. L’accueil des réfugiés a notamment été évoqué.



De gauche à droite : la maire de Paris Anne Hidalgo, le philosophe Bernard Henri Lévy, la maire de Maydan Shahr Zarifa Ghafari et le grand reporter Jérôme Bony




Depuis la prise de Kaboul aux mains des talibans et le chaos qui s'ensuivit, l’Europe est confrontée à un afflux de réfugiés afghans. En France, de nombreux maires ont fait part de leur solidarité avec l’Afghanistan et se sont déclarés prêts à prendre leur part dans l’accueil de ces exilés. C’est le cas de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, qui s’est engagée sur BFMTV à « évidemment soutenir et accueillir » des Afghans.


Dans ce contexte, la mairie de Paris accueillait ce jeudi une conférence de solidarité avec l’Afghanistan. Parmi les intervenants, on compte Anne Hidalgo, Homayoon Azizi, ambassadeur d'Afghanistan en France, le philosophe Bernard Henri Lévy, les maires de Bruxelles, de Palerme et d’Amsterdam, ainsi que des représentants d’Amnesty International France, de Reporters sans frontières et de France Terre d’Asile.




Paris, « ville-refuge » pour les Afghans




Le sort des migrants afghans était notamment au menu des discussions. Anne Hidalgo a réitéré son souhait d’accueillir des réfugiés dans la capitale française. La maire de Paris considère cet accueil comme un « devoir », rappelant que sa ville est une « ville-refuge », « lieu d’origine de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, une ville qui porte fièrement les valeurs d’égalité et de liberté », « à ce titre, nous sommes tous concernés par ce qui se passe en Afghanistan », a-t-elle ajouté.


La maire socialiste a également alerté sur « la situation des artistes, des intellectuels et des journalistes afghans », dont certains étaient présents à la conférence, exprimant son inquiétude quand au « respect des droits humains, plus particulièrement des droits des femmes » et dénonçant « l’enfermement total des femmes et des jeunes filles afghanes ». « Nous ne pouvons pas abandonner les femmes et les petites filles afghanes, victimes d’une condition proche de l’esclavage », s’insurge-t-elle.




« C’est de la liberté des Afghans que dépend la sécurité de Paris »




Mais l’accueil de ces immigrants ne pose-t-il pas un certain nombre de problèmes ? Notamment sécuritaires ? Soupçonné de liens avec les talibans, un réfugié afghan a été condamné à dix mois de prison avec sursis pour ne pas avoir respecté les mesures de surveillance dont il faisait l’objet.


Selon Anne Hidalgo, « le débat sur la sécurité fait fausse route ». Pour elle, « c’est si nous ne nous occupons pas de l’Afghanistan que nous serons en danger », mettant en garde contre le risque de voir l’Afghanistan redevenir une base arrière du terrorisme aux mains des talibans. « C’est de la liberté des Afghans que dépend la sécurité de Paris », résume-t-elle. « En 2015, nous avons su faire face à l’accueil des réfugiés, venus de pays meurtris par Daech. Quoi que l’on en dise, nous serons au rendez-vous, nous devons être au rendez-vous ».


Enfin, Anne Hidalgo appelle le gouvernement français à soutenir Ahmad Massoud, fils du commandant Massoud, qui s’est retranché avec quelques milliers de fidèles dans son fief du Pandjchir après la prise de Kaboul par les talibans. « Il y a une résistance en Afghanistan, qui fait écho à ce que la France et l’Occident ont vécu au cours de leur histoire. Il y a une résistance en Afghanistan et nous devons l’aider », plaide l’édile parisienne. Selon Jérôme Bony, grand reporter présent à la conférence, « les forces de Massoud subissent des attaques fréquentes et violentes », « ils prétendent avoir déjà tué plus de 110 talibans dans les combats », ajoute-t-il.


Ami personnel du commandant Massoud et de son fils, Bernard-Henri Lévy plaide lui aussi pour aider les résistants du Pandjchir. Il présente Massoud comme « un homme qui n’aime que deux choses : faire des jardins et regarder les étoiles », « un homme qui a eu le courage de dire non ». « Son appel a été entendu et doit continuer à être entendu », poursuit-il, optimiste. Car pour BHL, les nouveaux maîtres de Kaboul « n’ont pas changé, même si j’espère tellement me tromper ». Le philosophe pointe notamment du doigts « les liens toujours très forts entre les talibans et le terrorisme international », ainsi qu’avec « les services secrets pakistanais ».




Face à l’accueil des réfugiés afghans, la mairie de Paris s’organise




Mais les talibans, ce sont leurs victimes qui en parlent le mieux. Zarifa Ghafari est une réfugiée afghane, ancienne maire de la ville de Maydan Shahr, arrivée en France dans la foulée de la prise de Kaboul. Les larmes aux yeux, elle raconte à l’auditoire comment elle est parvenue à quitter l’Afghanistan après la prise de Kaboul par les talibans. « C’est comme se réveiller après un long cauchemar », se lamente-t-elle, présentant la chute de Kaboul comme « le moment le plus horrible de ma vie après la mort de mon père ». Colonel dans les forces spéciales afghanes, celui-ci a été tué par les talibans pendant la guerre. Zarifa Ghafari est une défenseure des droits des femmes, mais elle dénonce « les mentalités archaïques de certaines régions afghanes ». « Même avant l’arrivée des talibans, il y avait des villages où les femmes ne sortaient jamais », s’insurge-t-elle, dénonçant également « la corruption du régime afghan, l’influence des mafias locales et du crime organisé ».


Face à la souffrance des réfugiés afghans, quelles mesures concrètes la mairie de Paris entend-elle prendre ? « La ville de Paris a pris en charge de nombreux enfants afghans, venus parfois en France sans leurs parents, et ayant subi des traumatismes psychologiques assez lourds », déclare Dominique Versini, maire adjointe de Paris chargée des droits de l’enfant. « Nous nous occupons de leur scolarité. Nous en avions accueillis beaucoup en 2015, nous constatons leur réussite scolaire et professionnelle et nous nous en réjouissons, c’est l’honneur de la France », s’enthousiasme-t-elle. Concrètement, la mairie travaille avec des associations afin de leur trouver une place dans une école ou en crèche. « La mairie de Paris s’occupe aussi du logement des réfugiés, qui est le nerf de la guerre de l’intégration », poursuit-elle. Pour cela, la mairie de Paris travaille avec des associations impliquées dans l’accueil des réfugiés, telles que France Terre d’asile ou Emmaüs, afin de mettre des logements à disposition de ceux qui le souhaitent.


Cependant, Anne Hidalgo souhaite aller plus loin et s’impliquer davantage dans l’accueil des Afghans. La maire de Paris propose la création d’une « plateforme commune réunissant ONG, maires, défenseurs des droits humains, tous les hommes et femmes de bonne volonté qui souhaitent aider l’Afghanistan ». Elle souhaite également agir au niveau européen et plaide pour une « politique européenne commune du droit d’asile » ainsi qu’un « assouplissement des critères de Dublin ». Une manière d’enfiler des habits de présidentiable ?


Lucien Petit-Felici

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