La fabrication de l'ennemi
"Nous allons vous faire subir le plus terrible des sorts, nous allons vous priver d'ennemi", déclarait un expert soviétique au président américain Ronald Reagan, alors que la fin de la Guerre froide approchait. Or, les Etats-Unis, même après la disparition de la menace soviétique, ne se sont jamais privés d'ennemi. A peine la dislocation de l'URSS achevée, le nouveau président des Etats-Unis George Bush senior se lança en effet dans une croisade contre le dictateur panaméen Manuel Noriega au titre de la toute nouvelle "guerre contre la drogue", puis contre Saddam Hussein, qualifié par George Bush de "Hitler revisité" (sic). Près de soixante ans avant ces évènements, le juriste et philosophe allemand Carl Schmitt théorisait la notion de "fabrication de l'ennemi". Cet intellectuel est resté célèbre pour avoir été le juriste du régime nazi. Or, on emprunte toujours quelque chose à ses ennemis. Et justement, c'est cette no