Des djihadistes propriétaires d’esclaves hébergés en Turquie
Selon le JDD, d’anciens combattants de l’Etat islamique se seraient réfugiés en Turquie avec leurs esclaves. Près de 400 personnes issues de la minorité yézidie seraient concernées.
Des réfugiés yézidis en Irak, en 2016
En 2017, la libération des villes de Mossoul et Raqqa des griffes de l’Etat islamique a sonné la fin du califat, que cette organisation terroriste entendait bâtir à cheval sur l’Irak et la Syrie.
Mais même après ces cuisantes défaites, l’organisation Etat islamique existe toujours, et continue de commettre ces atrocités qui l’ont rendue tristement célèbre.
Parmi ces atrocités, on compte l’esclavage. En 2014, les djihadistes de l’OEI prennent la ville de Sinjar, dans le Nord-Ouest de l’Irak. Cette ville est majoritairement peuplée de yézidis, une minorité kurde pratiquant une religion millénaire proche du zoroastrisme.
La religion yézidie est une forme de gnose vénérant un archange déchu et tenant le serpent noir pour un animal sacré. En raison de ces ambiguïtés, les terroristes de l’EI assimilent les yézidis à des adorateurs du diable.
Enfants soldats, esclavage sexuel et actes génocidaires
En moins de deux semaines, 5500 yézidis sont massacrés par des djihadistes fanatisés. Les jeunes garçons sont enrôlés comme enfants soldats, alors que les femmes et les jeunes filles sont réduites à l’esclavage sexuel. Selon les autorités kurdes, 3455 femmes yézidies auraient été victimes de ces rapts.
Mais même après la défaite militaire de l’EI, le calvaire des yézidis continue. Selon le Journal du dimanche, près de 400 yézidis seraient encore réduits en esclavage par d’anciens membres de Daech réfugiés en Turquie.
Selon le JDD, la police turque aurait arrêté un ressortissant irakien en février dernier. Ancien de l’EI, celui-ci possédait une esclave sexuelle adolescente et aurait tenté de la vendre sur internet.
Djihadistes et esclavage, la Turquie ferme-t-elle les yeux ?
Cependant, l’attitude de la Turquie vis à vis de ces esclavagistes n’est pas toujours aussi sévère. Le président Erdogan a soutenu l’Etat islamique au moins jusqu’en 2015, permettant à ses combattants et à son pétrole de contrebande de passer la frontière librement. La lune de miel prends fin en 2016, et l’Etat islamique mène alors une vague d’attentats en Turquie.
Problème, certains djihadistes de l’EI ont rejoint l’opposition syrienne dite « modérée » après la chute du califat. De nombreux anciens combattants ont ainsi grossi les rangs de l’Armée Nationale Syrienne (ASL), groupe armée pro-turc luttant contre les Kurdes et l’armée syrienne dans le Nord de la Syrie. Ce groupe combat également l’Arménie dans le Haut-Karabagh.
Plusieurs membres de l’ASL sont ainsi réfugiés en Turquie avec leurs esclaves, tout en bénéficiant des bonnes grâces d’Ankara.
C’est ce qu’affirme au JDD Abdallah Shrem. Ce fermier irakien de 46 ans est une sorte de « juste » qui a sauvé 400 yézidis des griffes de l’OEI durant les massacres de Sinjar.
« Certains membres de Daech ont rejoint les rangs de l’ANS tout en gardant leurs otages, et lorsque les captifs sont entre les mains de l’ANS, il est plus difficile de négocier leur libération car elle est soutenue par la Turquie », explique-t-il.
Lucien Petit-Felici

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