Le prêt garanti par l’Etat, remède économique ?

Le 16 mars 2020 à 20 heures, le président Emmanuel Macron annonce un confinement obligatoire de la population française, en réaction à une épidémie de coronavirus qui a fait, au 15 mai, plus de 300 000 morts dans le monde dont 27 000 en France, selon les chiffres de l’OMS.

En conséquence, les perspectives économiques de la France se dégradent. Selon une étude de l’OFCE publiée le 20 avril, l’impact du confinement est estimé à 120 milliards d’euros, soit 5% du PIB français.



Dans ce contexte de crise, quelles mesures ont été prises par les autorités pour permettre aux entreprises françaises de faire face à la pandémie ?

L’une des mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir l’économie française est le prêt garanti par l’Etat (PGE). Il permet à une entreprise « qui demande un prêt à sa banque ou à un intermédiaire en financement participatif » d’« obtenir une garantie de l’État » (Service-Public.fr).

Au 7 mai 2020, ce sont plus de 500 000 entreprises qui ont demandé un prêt via ce dispositif, pour un montant total s’élevant à 100 milliards d’euros, selon L’AGEFI. Le gouvernement, pour sa part, table sur un objectif à terme de 300 milliards d’euros.

Hélène Bourbouloux est administratrice judiciaire. Auxiliaire de justice elle assiste des entreprises dans cette période de crise, notamment pour obtenir un PGE. Elle s’occupe des « entreprises en difficultés », souffrant d’un « manque de trésorerie du fait de l’arrêt de leur activité » et se retrouvant « sans revenus, ni chiffre d’affaire, avec en plus des charges à payer ».  Interrogée le 15 mai, elle précise néanmoins que, suite à l’annonce du confinement, « toutes les entreprises se sont retrouvées en difficulté en deux semaines ».

De plus, elle estime que les statistiques des PGE accordés aux entreprises « ne sont pas mirobolantes » et qu’il « faudrait en accorder plus ». « A début mai, 50 milliards d’euros de prêts ont été accordés, mais cette somme est largement insuffisante, surtout au regard des 300 milliards promis par le gouvernement », précise-t-elle.

Selon Hélène Bourbouloux, c’est la réticence des banques qui expliquerait la faiblesse de ces chiffres. « Les banques n’ont pas un très gros appétit pour accorder ces prêts, elles privilégient leurs propres clients ». Selon elle, le défaut du PGE est qu’il est « sans marge pour les banques, qui ne peuvent donc pas faire de rémunération dessus ». « Les conditions d’octroi du PGE sont plutôt avantageuses, mais les banques, elles, sont très restrictives », résume-t-elle.

Pour Hélène Bourbouloux, le dispositif aurait gagné à être « plus attractif pour les banques ». Selon elle, le gouvernement aurait également dû procéder à des annulations de charges pour les entreprises, qui auraient ainsi « obtenu de la trésorerie tout de suite, sans avoir à dépendre d’un tiers. Le PGE est compliqué puisqu’il est dans les mains d’un intermédiaire, en l’occurrence les banques », précise-t-elle.

Lucien Petit-Felici

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