Emmanuel Macron champion de la Terre ?

Un sommet sur le climat réunissant personnalités politiques et économiques du monde entier se tiendra à New-York ce 26 septembre, en marge de l’assemblée générale des Nations-Unies. La tenue de ce sommet correspond à une initiative du président de la République Emmanuel Macron, qui avait plaidé en 2017 pour une réunion annuelle sur le changement climatique.


"L'action climatique nécessite une réponse collective", estime Emmanuel Macron. "Nous traversons des temps difficiles mais des solutions existent partout sur la planète. Nous devons agir ensemble pour encourager l'innovation, stimuler les projets transformateurs, réunir les investissements publics et privés" ajoute-t-il. Cette réunion vise sans doute à compenser le retrait annoncé des Etats-Unis (2e plus gros pollueur mondial après la Chine) de l’accord sur le climat conclu à Paris lors de la COP21, en attendant la COP24 qui se déroulera en Pologne en décembre prochain. Ce retrait américain, qui était l’une des promesses de campagne de Donald Trump, à fait dire à Macron que la lutte contre le changement climatique constituait une de ses "priorité". Le président français avait également appelé à "rendre sa grandeur à notre planète" (make our planet great again).

Durant ce sommet, en marge duquel il rencontrera Donald Trump et son homologue iranien Hassan Rohani, Emmanuel Macron devrait recevoir un "prix de la Terre", récompensant son engagement contre le réchauffement climatique. Emmanuel Macron partagera ce prix avec le premier ministre indien Narendra Modi (l’Inde étant le 3e pollueur de la planète).

Curieuse récompense pour un chef d’état dont l’une des premières décisions fut de signer l’accord de libre-échange CETA, conclu avec le Canada. Cet accord, dénoncé par Nicolas Hulot comme "climaticide" prévoit entre autres une industrialisation de la filière alimentaire, notamment bovine, qui émet déjà des quantités importantes de CO2. Les dispositions du CETA comportent également la création d’un tribunal d’arbitrage international où des entreprises pourront attaquer en justice la réglementation sanitaire ou environnementale d’un état signataire.  L’accord de libre-échange entraînera également un afflux de produits canadiens sur le marché européen. Or, les normes environnementales de ces produits sont beaucoup plus souples que celles existant en France.

Pour autoriser la vente de certains d'entre eux, actuellement interdits en Europe car considérés comme dangereux, la Commission européenne envisage de relever les seuils de produits nocifs autorisés, mettant en danger de nombreux consommateurs :

"Pour permettre l’accès au marché intérieur européen à des produits canadiens, la Commission Européenne a commencé à relever nos limites maximales de résidus (LMR) autorisées pour certaines substances et produits. En les multipliant par 10 par exemple pour la clothianidine, un pesticide néonicotinoïde interdit en Europe, utilisé au Canada sur les pommes de terre. Le Parlement européen a bien fait une première objection mais la Commission n’a pas désarmé et compte revenir à la charge. De la même façon, elle se prépare à relever les LMR pour le 2,4-D, un herbicide entrant dans la composition de l’agent orange, considéré en France comme perturbateur endocrinien, et qui devrait en théorie être interdit en Europe suite à la définition adoptée en 2017. La convergence vers le haut a du plomb dans l’aile", dénonce Nicolas Hulot dans une tribune.

Le mandat présidentiel d’Emmanuel Macron a également été marqué par l’absence d’interdiction de l’herbicide polluant glyphosate. Cette interdiction était pourtant l’une des promesses de campagne du candidat en 2017. Même revirement et promesse non-tenue pour les perturbateurs endocriniens, molécules sources de nombreuses anomalies hormonales. Enfin, les émissions de CO2 ont augmenté en France depuis la signature de l’accord de Paris en 2015. Le pays hôte de la COP21 ne respecte donc pas ses critères, contrairement aux Etats-Unis dont les émissions de dioxyde de carbone baissent continuellement depuis plusieurs années, et qui semble en passe de remplir les critères de l’accord. "Rendre sa grandeur à notre planète" semble donc plus facile à dire qu’à faire...

Lucien Petit-Felici
Publié sur Le Parisien.fr

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