L'offensive d'Idleb aura-t-elle lieu ?
Dans l'un de ses tweets lapidaires dont il a le secret, le président des Etats-Unis Donald Trump a mis en garde la Syrie, la Russie et l'Iran contre une offensive imminente sur Idleb. "Le président syrien Bachar el-Assad ne devrait pas attaquer imprudemment la province d'Idleb. Les russes et les iraniens commettraient une grave erreur humanitaire en prenant part à une potentielle tragédie humaine. Des centaines de milliers de personnes pourraient être tuées. Ne laissons pas cela arriver !", a-t-il déclaré.
Cette province, vers où de nombreux civils et combattants insurgés ont été évacués par le régime de Damas au fur et à mesure de sa reconquête du pays, constitue le dernier bastion de la rébellion syrienne. La reprise d'Idleb et de sa province constituerait donc une quasi-victoire finale pour Bachar el-Assad et ses partisans, au terme d'une guerre civile qui dure depuis plus de sept ans et aurait causé la mort de près d'un demi-million de personnes selon l'OSDH.
Le dictateur syrien souhaite donc lancer ses troupes à l'assaut de la ville le plus vite possible, ce qui annonce un désastre humanitaire. En effet, Idleb, qui comptait 165 000 habitants en 2010, est désormais peuplée de plus de trois millions de personnes, du fait des nombreux accords de transfert passés entre gouvernement et rebelles.
L'émissaire de la Syrie à l'ONU, Staffan de Mistura, s'est également inquiété de la présence de "dix-mille djihadistes" dans la ville, en possession d'armes chimiques. Idleb est en effet passée sous le contrôle du groupe salafiste Hayat Tahrir al-Cham, organisation liée à Al-Qaïda et considérée comme terroriste par les Etats-Unis.
Des membres du groupe Hayat Tahrir al-Cham défilant dans Idleb
Des membres du groupe Hayat Tahrir al-Cham défilant dans Idleb
Or, l'offensive d'Idleb pourrait bel et bien avoir lieu. Au cours de l'été, le régime baasiste a en effet négocié avec les rebelles l'évacuation de la population chiite de la province vers des villes sous contrôle gouvernemental, en échange de la libération de prisonniers. Ces déplacements de population annoncent peut-être le déclenchement de la mère de toutes les batailles de la guerre civile syrienne. Depuis une semaine, le régime syrien a également déployé des troupes et des chars d'assaut sur la ligne de front vers Idleb. L'aviation, elle, intensifie ses bombardements. Enfin, le ministre russe des affaires étrangères du Kremlin, Sergueï Lavrov, a déclaré que le "statu-quo" à propos de cette ville "ne peut pas durer indéfiniment" et que Bachar-el Assad avait le droit de "liquider les terroristes".
Lors de la guerre civile irakienne, le siège de Mossoul, dont la population équivalait celle d'Idleb aujourd'hui, avait nécessité aux forces gouvernementales plus de huit mois et donné lieu à un exode de réfugiés. Les frappes aériennes de la coalition avaient également causé la mort de plus de 5800 civils, selon Amnesty international. Le siège d'Idleb pourrait alors s'annoncer tout aussi long et meurtrier.
Lucien Petit-Felici
Egalement publié sur Le Parisien.fr
Lucien Petit-Felici
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