Fin de partie pour Lula
L'ancien président du Brésil Luiz Ignacio Lula da Silva a pris sa décision, il renonce à se présenter à l'élection présidentielle de 2018. Ce jeudi 6 septembre, la Cour suprême brésilienne l'avait déclaré inéligible, validant ainsi la condamnation de Lula à une peine de 12 ans de prison qu'il purge depuis avril dernier. En cause, un appartement qui lui aurait été offert durant son mandat, pratique assimilée à de la corruption. L'ancien président brésilien a également déposé un recours devant l'ONU, dont le Haut-Commissariat aux droits de l'homme estime ses demandes recevables.
La déception est immense pour les 39% d'électeurs brésiliens qui, selon les sondages, étaient prêts à voter pour lui en octobre, le plaçant ainsi en tête des intentions de vote. D'autant plus que l'actuel président du Brésil, Michel Temer, dont la cote de popularité atteint les 3%, est lui aussi englué dans un scandale de corruption, sans pour autant être inquiété.
Lula a été élu par deux fois à la présidence du Brésil, en 2002 et 2006, avec des scores dépassant les 60% des suffrages exprimés. Durant ses deux mandats, marqués par la mise en place de programmes sociaux ambitieux, 28 millions de brésiliens sont sortis de la pauvreté. 39 millions de citoyens ont pu accéder à la classe moyenne, plus de 16 millions d'emplois ont été crées, le salaire minimum a augmenté de 62% et le revenu des plus pauvres a augmenté de 72%, alors que le Brésil est passé de la treizième à la huitième puissance économique mondiale. Nombre de ces programmes sociaux ont été détricotés par Michel Temer après son accession controversée au pouvoir en 2016.
Fernando Haddad, le candidat du Parti des travailleurs (centre-gauche) choisi pour remplacer Lula, n'est crédité que de 6% des intentions de vote. Lula est remplacé en tête des sondages par le candidat d'extrême-droite Jair Bolsonaro, crédité de 22% des intentions de vote.
Adepte des déclarations controversées, ce député, assimilé à une sorte de Donald Trump sud-américain, semble bénéficier de la colère populaire dans un pays sur lequel le sort semble s'acharner depuis quelques années. Apologète de la dictature militaire brésilienne (1964-1985), fervent catholique, homophobe et misogyne assumé, Jair Bolsonaro avait suscité la polémique en apprenant à un enfant à tirer lors de l'un de ses meetings de campagne. Récemment, il s'est attaqué à la bande dessinée suisse Titeuf et à sa distribution dans les écoles brésiliennes, assimilée selon lui à une promotion de l'homosexualité et à une "porte ouverte à la pédophilie". Bolsonaro avait en effet déclaré en 2011, lors d'une interview, qu'il préférerait que son "fils meure dans un accident de voiture plutôt qu'il soit homosexuel".
Jair Bolsonaro a récemment échappé à une tentative d'assassinat. Il est actuellement hospitalisé et ne peut plus mener campagne. Ainsi, parmi les deux favoris de l'élection brésilienne, l'un est en prison et l'autre à l'hôpital, ce qui illustre bien la fragilité de cette démocratie, plus de trente ans après la fin de la dictature militaire. Le chef de l'armée brésilienne a récemment mis en garde contre une candidature de Lula, se réservant le droit d'intervenir en cas de victoire du candidat de gauche. Cette menace de coup d'état a probablement pesé sur la décision de l'ancien président de ne pas se représenter. En 1964, le président brésilien démocratiquement élu Joao Goulart avait été renversé par l'armée pour avoir reconnu le régime de Fidel Castro à Cuba et tenté de mettre en place une réforme agraire.
Jair Bolsonaro a récemment échappé à une tentative d'assassinat. Il est actuellement hospitalisé et ne peut plus mener campagne. Ainsi, parmi les deux favoris de l'élection brésilienne, l'un est en prison et l'autre à l'hôpital, ce qui illustre bien la fragilité de cette démocratie, plus de trente ans après la fin de la dictature militaire. Le chef de l'armée brésilienne a récemment mis en garde contre une candidature de Lula, se réservant le droit d'intervenir en cas de victoire du candidat de gauche. Cette menace de coup d'état a probablement pesé sur la décision de l'ancien président de ne pas se représenter. En 1964, le président brésilien démocratiquement élu Joao Goulart avait été renversé par l'armée pour avoir reconnu le régime de Fidel Castro à Cuba et tenté de mettre en place une réforme agraire.
La présence d'un candidat d'extrême-droite en tête des intentions de vote illustre la frustration et la radicalisation des électeurs dans une nation minée par l'insécurité, la pauvreté et la corruption. De plus en plus de brésiliens se déclarent même partisans d'une nouvelle junte militaire, similaire à celle qui avait causé la mort de centaines de personnes durant la Guerre froide. A Rio de Janeiro, l'armée a récemment été appelée en renfort pour lutter contre les trafiquants de drogue des favelas.
Après l'Italie, le Brésil sera-t-il le prochain pays à basculer ?
Lucien Petit-Felici

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